Consommation de fruits et de légumes et risque de fragilité: analyse dose-réponse de 3 cohortes prospectives de personnes âgées résidant en milieu communautaire

E. García-Esquinas, B. Rahi, K. Peres, M. Colpo,J.F. Dartigues,S. Bandinelli,C. Feart, F. Rodríguez-Artalejo

Am J Clin Nutr. 2016;104(1):132-42

La consommation de fruits et de légumes peut avoir un effet protecteur contre la fragilité, mais à notre connaissance, aucune étude n’a encore évalué leur relation dose-réponse prospective.

Nous avons cherché à étudier l’association dose-réponse entre la consommation de fruits et de légumes et le risque de fragilité chez les personnes âgées.

Les données étaient issues de 3 cohortes indépendantes de personnes âgées résidant en milieu communautaire : la cohorte Seniors-ENRICA (étude sur la nutrition et les facteurs de risque cardiovasculaire en Espagne) (n = 1 872), la cohorte des Trois Cités (3C) de Bordeaux (n = 581) et la cohorte d’approche intégrée et pluridisciplinaire (n = 473). La consommation alimentaire au début de l’étude a été analysée à l’aide d’un historique de régime informatisé validé (Seniors-ENRICA) ou d’un questionnaire sur la fréquence de consommation des aliments (3C de Bordeaux et AMI). Dans toutes les cohortes, les nouveaux cas de fragilité ont été évalués selon les critères de Fried. Les résultats entre les cohortes ont été regroupés à l’aide d’un modèle à effets aléatoires.

Au cours d’un suivi moyen de 2,5 ans, 300 nouveaux cas de fragilité ont été observés. Des modèles intégralement ajustés ont démontré que les RR regroupés (IC de 95 %) relatifs aux nouveaux cas de fragilité comparant les participants ayant consommé 1, 2 ou ≥ 3 portions de fruits / j à ceux n’en ayant pas consommées, étaient respectivement de 0,59 (0,27 ; 0,90), 0,58 (0,29 ; 0,86) et 0,48 (0,20, ;0,75), avec une tendance P de 0,04. Les valeurs correspondantes pour les légumes ont été de 0,69 (0,42 ; 0,97), 0,56 (0,35 ; 0,77) et 0,52 (0,13 ; 0,92), avec une tendance P < 0,01. Lorsque les consommations de fruits et de légumes ont été analysées ensemble, le RR regroupés (IC de 95 %) relatifs aux nouveaux cas de fragilité étaient respectivement de 0,41 (0,21 ; 0,60), 0,47 (0,25 ; 0,68), 0,36 (0,18 ; 0,53) et 0,31 (0,13 ; 0,48), avec une tendance P < 0,01 pour les participants ayant consommé 2, 3, 4, ou ≥ 5 portions / j, par rapport à ceux ayant consommé ≤ 1 portion / j. Une relation dose-réponse inverse a également été constatée entre la consommation initiale de fruits et le risque d’épuisement, la faible activité physique et la vitesse de marche lente, alors que la consommation de légumes a été associée à une diminution du risque d’épuisement et de perte de poids involontaire.

Commentaire: Parmi les personnes âgées résidant en milieu communautaire, la consommation de fruits et de légumes a été associée à un risque de fragilité à court terme plus faible d’un point de vue dose-réponse, et l’association la plus marquée a été obtenue avec la consommation de 3 portions de fruits / j et de 2 portions de légumes /j.