F.J. Tarazona-Santabalbina, M.C. Gómez-Cabrera, P. Pérez-Ros, F.M. Martínez-Arnau, H. Cabo, K. Tsaparas, A. Salvador-Pascual, L. Rodriguez-Mañas, J. Viña
J Am Med Dir Assoc. 2016;17(5):426-33
La fragilité peut être une cible clinique importante dans la réduction des taux d’invalidité.
L’objectif de cette étude est de vérifier si un programme d’exercices à plusieurs composantes (PEPC) supervisé en établissement, lorsqu’il est suivi par des personnes âgées fragiles, peut inverser le processus de fragilité et améliorer les fonctions cognitives, l’équilibre émotionnel et la capacité à interagir socialement, ainsi que les biomarqueurs biologiques de la fragilité, par rapport à une population témoin ne suivant aucun entraînement.
Il s’agit d’une étude interventionnelle, contrôlée, randomisée à bras unique. Les chercheurs en charge du regroupement des données n’ont pas été informés de l’étude.
Les participants de 2 centres de soins primaires en zone rurale (Sollana et Carcaixent) rattachés au même ministère de la santé en Espagne ont été enrôlés dans l’étude entre décembre 2013 et septembre 2014.
Un échantillon de 100 volontaires, hommes et femmes sédentaires, présentant une vitesse de marche inférieure à 0,8 mètre par seconde et fragiles (répondant à au moins 3 critères du phénotype de la fragilité) a été randomisé. Les participants ont été assignés de manière aléatoire à un PEPC supervisé en établissement (n = 51 ; âge = 79,5 ; ET = 3,9) comprenant des exercices de propioception, d’aérobie, de renforcement musculaire et d’étirement pendant 65 minutes, 5 jours par semaine, sur 24 semaines, ou à un groupe témoin (n = 49 ; âge = 80,3 ; ET = 3,7). La mesure a été mise en œuvre par 8 kinésithérapeutes ou personnels infirmiers. Les compléments protéino-caloriques et en vitamine D ont été contrôlés dans les deux groupes.
Le PEPC inverse le processus de fragilité (nombre de sujets à traiter à récupérer en robustesse chez les sujets participant à ≥ 50 % des sessions d’entraînement a été de 3,2) et améliore les mesures fonctionnelles : indice de Barthel (groupe entraîné à 91,6 avec un ET de 8,0 contre 82,0 avec un ET de 11,0 pour le groupe témoin), échelle de Lawton et Brody (groupe entraîné à 6,9 avec un ET de 0,9 contre 5,7 avec un ET de 2,0 pour le groupe témoin), test de Tinetti (groupe entraîné à 24,5 avec un ET de 4,4 contre 21,7 avec un ET de 4,5 pour le groupe témoin), test Short Physical Performance Battery (groupe entraîné à 9,5 avec un ET de 1,8 contre 7,1 avec un ET de 2,8 pour le groupe témoin) et test de performances physiques (groupe entraîné à 23,5 avec un ET de 5,9 contre 16,5 avec un ET de 5,1 pour le groupe témoin), ainsi que les déterminations des fonctions cognitives, de l’équilibre émotionnel et de la capacité à interagir socialement : mini examen de l’état mental (groupe entraîné à 28,9 avec un ET de 3,9 contre 25,9 avec un ET de 7,3 pour le groupe témoin), échelle de dépression gériatrique de Yesavage (groupe entraîné à 2,3 avec un ET de 2,2 contre 3,2 avec un ET de 2,0 pour le groupe témoin), échelle de qualité de vie EuroQol (groupe entraîné à 8,2 avec un ET de 1,6 contre 7,6 avec un ET de 1,3 pour le groupe témoin) et échelle d’accompagnement social de Duke (groupe entraîné à 48,5 avec un ET de 9,3 contre 41,2 avec un ET de 8,5 pour le groupe témoin). Ce programme est unique en ce sens qu’il conduit à une diminution du nombre de consultations auprès d’un médecin de soins primaires (groupe entraîné à 1,3 avec un ET de 1,4 contre 2,4 avec un ET de 2,9 pour le groupe témoin) et à une amélioration significative des biomarqueurs de fragilité.




Commentaire: La fragilité est une préoccupation majeure en médecine clinique car elle est le principal facteur déterminant de la longévité et de la qualité de vie dans la population de personnes âgées. Il est important de noter que la fragilité est un processus réversible, particulièrement si elle est diagnostiquée tôt. Dans cette étude, une mesure d’exercices physiques à plusieurs composantes a été élaborée, permettant d’inverser le processus de fragilité et d’améliorer les fonctions cognitive, l’équilibre émotionnel et la capacité à interagir socialement au sein d’une population contrôlée de personnes âgées résidant en milieu communautaire.