La posture du tronc pendant la marche est-elle un marqueur plus efficace que la vitesse de marche dans la prévision du déclin fonctionnelle et de la fragilité ultérieure ?

R.A. Merchant, S. Banerji, G. Singh, E. Chew, C.L. Poh, S.C. Tapawan, Y.R. Guo, Y.W. Pang, M. Sharma, R. Kambadur, S. Tay

J Am Med Dir Assoc. 2016;17(1):65-70

La vitesse de marche est considérée comme un indicateur fiable d’un vaste ensemble de problèmes de santé chez les personnes âgées, notamment les chutes et les fractures, l’hospitalisation, le déclin cognitif et la mortalité. Pour cette raison, de nombreuses directives récentes et définitions concertées de la sarcopénie se sont basées sur la vitesse de marche, mais sans s’intéresser à l’adaptation de la posture pour le maintien de la vitesse de marche face à la faiblesse ou à la raideur articulaire.

Les personnes âgées sont connues pour bien compenser le déclin des réserves physiologiques par la modification environnementale et l’adaptation de la posture. Cette étude visait à analyser et à identifier l’adaptation importante de la posture chez les personnes âgées nécessaire au maintien de la vitesse de marche face à une vulnérabilité croissante.

L’équipe de l’étude a recruté 90 personnes âgées résidant en milieu communautaire en Chine, de 60 à 80 ans, avec un indice de masse corporelle (IMC) situé dans la plage normale (18,5-23,5 selon les normes asiatiques). 20 adultes supplémentaires âgés de 21 à 51 ans ont été recrutés pour former un groupe de référence. Tous les participants ont été soumis à des tests de force de préhension, à un test de marche de 6 minutes, à un test du lever et marcher chronométré (TUG) et à une analyse du mouvement pour déterminer les caractéristiques de la marche. Une fonction diminuée a été caractérisée par une vitesse de marche lente (< 1,0 m/s) et/ou un score TUG bas (> 10 secondes), alors qu’une force faible a été déterminée par des tests par dynamomètre de force de préhension (< 26 kg). Le degré de fragilité a été classifié à l’aide de l’échelle de fragilité clinique de l’étude canadienne sur la santé et le vieillissement (CSHA-CFS) afin de différencier les personnes âgées en bonne santé des sujets vulnérables. L’adaptation de la posture a été calculée en analysant la cinématique des articulations et des segments de membre.

Les résultats ont montré que les personnes âgées vulnérables présentaient une force et des performances fonctionnelles moins élevées que le groupe de sujets âgés en bonne santé. Toutefois, des adaptations posturales lors de la marche ont été observées chez un nombre significatif de sujets des 3 groupes, y compris ceux ayant conservé une bonne vitesse de marche (> 1,0 m/s). L’ampleur de l’adaptation a été plus importante dans le groupe de personnes vulnérables que dans le groupe en bonne santé.

Commentaire: Cette étude suggère que l’adaptation de la posture du tronc précède le déclin de la vitesse de marche et le suivi de cette adaptation lors de la marche pourrait s’avérer utile dans l’identification plus précoce des personnes âgées à risque, avant que le déclin de la vitesse de marche ne se mette en place. L’identification de l’adaptation de la posture du tronc avant l’apparition du déclin de la vitesse de marche peut permettre de planifier des interventions auprès de personnes âgées à risque résidant en milieu communautaire, avant le déclin de la vitesse de marche. Toutefois, des études prospectives complémentaires sont nécessaires pour vérifier si les personnes âgées présentant une adaptation de la posture du tronc et une vitesse de marche normale voient leur vitesse de marche altérée plus tôt que les personnes chez qui cette adaptation n’a pas été observée, et si ce déclin peut être prévenu par des exercices sur le mouvement et la correction de la posture.