Fonction neuromusculaire à différents stades de la sarcopénie

T. Morat, K.J. Gilmore and C.L. Rice

Exp Gerontol. 2016;81:28-36

Cette étude a utilisé l’outil de dépistage développé par le Groupe de travail européen sur la sarcopénie chez les personnes âgées (EWGSOP) sur des personnes âgées de plus de 65 ans et a testé simultanément différents indices de la fonction neuromusculaire en laboratoire.

Vingt-quatre personnes âgées en bonne santé et autonomes (9 hommes, 15 femmes) de 79,1 ± 5,8 ans ont participé à l’étude. En fonction de leur vitesse de marche, de leur force de préhension et de leur masse musculaire, tous les sujets ont été assignés l’un des trois stades conceptuels de la sarcopénie (sarcopénie précoce, sarcopénie, sarcopénie sévère). La force maximale des fléchisseurs dorsaux de la jambe gauche a été mesurée et l’activation volontaire a été évaluée par la technique de la stimulation surimposée. En outre, les propriétés contractiles isométriques évoquées ont été enregistrées. La masse musculosquelettique a été évaluée par échographie à partir de neuf sites.

Le nombre de sujets dans chaque catégorie sarcopénique a été approximativement équivalent, et l’âge n’a pas varié entre les 3 groupes. Aucune différence de la force de préhension et de l’indice de masse musculosquelettique n’a été observée entre les 3 groupes. La vitesse de marche a été notablement plus lente (p < 0,01) chez les sujets atteints de sarcopénie sévère que dans le groupe sarcopénie précoce. Sans différence entre les groupes au niveau de l’activation volontaire, les contractions volontaires maximales (CVM) pour les sujets sarcopéniques sévères ont été 29 % plus faibles (p = 0,02) et associées à des taux de production de la force (TPF) volontaires plus lents de 19 % que les sujets sarcopéniques. En outre, le groupe sarcopénie sévère a été 34 % plus faible (p = 0,04) avec des TPF plus lents de 36 % (p = 0,02) que les sujets atteints de sarcopénie précoce. La tension maximale de stimulation a été 54 % plus faible (p < 0,01) dans le groupe sarcopénie sévère que dans le groupe sarcopénie précoce. Les TPF avec stimulation maximale ont été 40 % (p = 0,03) plus lents pour le groupe sarcopénie sévère par rapport au groupe sarcopénie, et 51 % plus lents (p = 0,03) par rapport au groupe sarcopénie précoce, mais après normalisation en fonction des productions maximales, aucune différence statistique n’a été observée. Les essais de laboratoire ont révélé des différences neuromusculaires entre les 3 groupes qui, de manière générale, ont appuyé le schéma de classification et permis d’illustrer certains facteurs clés qui pourraient expliquer les différences de capacités fonctionnelles.

Commentaire: Ces découvertes initiales soutiennent l’hypothèse que cette classification est pertinente dans l’identification des personnes âgées présentant des caractéristiques neuromusculaires différentes. Toutefois, des études complémentaires sont nécessaires pour fournir davantage d’informations sur les modifications neuromusculaires spécifiques aux trois stades de la sarcopénie et la façon dont ces modifications sont liées aux capacités fonctionnelles. De telles études pourraient enfin contribuer à identifier les mesures les plus efficaces d’amélioration du fonctionnement neuromusculaire.